Tout au long de la guerre, l’évêque, Mgr de Carsalade du pont, prescrit des messes et des prières pour la Victoire de la France et des armées alliées, pour les soldats (ceux qui sont morts au front et ceux qui se battent encore), mais aussi pour les conscrits.
Cette période est marquée par un regain des processions, notamment celles de la Fête-Dieu, mais aussi par la célébration en grandes pompes du culte de la Bienheureuse Jeanne d’Arc, célébré à la cathédrale mais aussi à l’hôpital temporaire du Sacré-Cœur et à celui du Saint-Sacrement. Toutes les églises de la ville et du diocèse organisent messes et prières pour les soldats.
A Perpignan, la victoire est célébrée à la Cathédrale par un Te Deum, grandiose cérémonie patriotique présidée par Mgr Carsalade du pont, à laquelle ont assisté aussi, au premier rang, les autorités civiles et militaires.
Lorsque les premiers blessés arrivent à Perpignan à la fin du mois d’août, il faut les loger et les soigner. L’hôpital militaire, la Miséricorde et les différents locaux mis à disposition par l’hôpital et la mairie de Perpignan n’ont pas les capacités d’absorption suffisantes, aussi des locaux de différentes congrégations religieuses et de particuliers sont-ils mis à leur disposition. 160 lits sont ainsi installés au Sacré-Cœur : il peut accueillir environ 200 blessés. L’institution d’enseignement catholique Notre-Dame-de-Bon-Secours et les locaux des sœurs de l’Assomption sont aussi transformés en hôpitaux militaires. Des concerts et des fêtes y sont organisés pour les blessés. La fête de Jeanne d’Arc est célébrée au Sacré Cœur et au Saint-Sacrement avec un grand lustre.
Mgr Carsalade du pont visite régulièrement tous les hôpitaux militaires de la ville et s’implique aussi beaucoup dans l’aide aux réfugiés.
D’après Francis Waffelaert : « Mgr de Carsalade du pont et le clergé roussillonnais », Perpignan pendant la première Guerre mondiale, Nouvelles éditions Sutton, Tours, octobre 2018.
Le clergé
Les prêtres-soldats au front
Plus du tiers des prêtres du diocèse ont échangé la soutane sacerdotale contre l’uniforme militaire. Dès la mobilisation, 80 prêtres réservistes roussillonnais sont affectés au service de la 1ère ambulance du 16e corps. Plusieurs vont au feu. En 1915, un groupe important de prêtres infirmiers part pour le front. Dans de nombreuses lettres, ils racontent les combats et les particularités de l’exercice de leur ministère. Environ une vingtaine d’entre eux sont morts au champ d’honneur, au moins une quinzaine ont eu des citations, quelques-uns ont été décorés.
D’après Francis Waffelaert : « Mgr de Carsalade du pont et le clergé roussillonnais », Perpignan pendant la première Guerre mondiale, Nouvelles éditions Sutton, Tours, octobre 2018.
Les instituteurs au front, les collégiens et leurs journaux
En ce temps-là, les deux personnages les plus « importants » du village, du quartier ou de la paroisse étaient le prêtre et l’instituteur.
Les vacances scolaires débutent le 1er août. Le lendemain, avec la mobilisation générale, les enfants voient partir leurs pères et beaucoup de leurs instituteurs pour le front.
Au Collège, les Collégiens créent deux journaux : L’Etincelle et La Lyre, dans lesquels ils évoquent la guerre, mais aussi la littérature, et leurs préoccupations d'adolescents.
Lors de ce premier conflit mondial, entre 1914 et 1918, le département des Pyrénées-Orientales a perdu 79 instituteurs et 3 professeurs de collège.
23 d’entre-deux étaient des officiers, 24 des sous-officiers.
On en dénombre 15 au 53e RI, 6 au 80e RI, 5 au 253e RI et 3 au 142e RI pour les régiments d’infanterie les plus représentés.
On trouve des hommes dans le Génie, les Tirailleurs Algériens, les Bataillons de Chasseurs à pied et alpins, Infanterie coloniale, Hussards, Artillerie et Train.
Une plaque en leur mémoire est apposée à l’Inspection académique de Perpignan.
D’après Fabien Larue : « Les instituteurs au front », et Madeleine Souche : « Les Collégiens de Perpignan, journalistes de la Grande Guerre », Perpignan pendant la Première Guerre mondiale, Nouvelles Editions Sutton, Tours, octobre 2018.
Les prêtres à Perpignan
Pendant la guerre, pour remplacer les prêtres appelés au front, Mgr Carsalade du pont fait appel aux prêtres en retraite (retirés du ministère actif) pour officier dans les paroisses où ils résident. En 1918, le doyen d’âge, l’abbé Picheyre, a 87 ans. Le clergé compte 31 septuagénaires et 31 sexagénaires qui exercent tous un ministère actif ou se « rendent utiles ». Quant aux quinquagénaires, qui forment le groupe le plus important, ils sont au nombre de 66. La plupart des prêtres sont issus des villages du département.
D’après Francis Waffelaert : « Mgr de Carsalade du pont et le clergé roussillonnais », Perpignan pendant la première Guerre mondiale, Nouvelles éditions Sutton, Tours, octobre 2018.
Mgr de Carsalade du pont, évêque patriote
Mgr de Carsalade du pont est très connu pour avoir été l’évêque des Catalans, il l’est moins pour avoir été un évêque patriote. Son soutien aux divers emprunts qui ont été lancés a été très actif. Voici comment il conclut celui-ci : « Tout ce que j’avais je l’ai confié à la France pour qu’elle défende le sol qui m’a vu naître et le Credo dans lequel je veux mourir. Suivez l’exemple de votre évêque, il vous le demande et Dieu le veut ! »
D’après Francis Waffelaert : « Mgr de Carsalade du pont et le clergé roussillonnais », Perpignan pendant la première Guerre mondiale,