De Joffre à Saint-Jean
Le centre hospitalier général de Perpignan renferme une histoire singulière. L’établissement actuel n’est qu’une phase de transition d’un projet encore en cours. Mélange d’architecture pavillonnaire et d’architecture fonctionnelle contemporaine, ce complexe, édifié en 3 tranches de travaux depuis 2003, est issu du besoin de créer un nouvel hôpital qui était en germe depuis 1970. Il fallait répondre à un besoin démographique (l’hôpital recevant des malades de tout le département), à l’évolution de la qualité des soins (réduire les longs déplacements qu’engendre l’architecture pavillonnaire), mais aussi revitaliser le quartier du Haut-Vernet.
Ciblé par les polémiques, il a longtemps fait l’objet de joutes politiques. Dès 1970 en effet, le conseil d’administration de l’hôpital souhaitait concevoir un nouvel hôpital. Cependant, dans les années 1980, une modernisation de l’hôpital in situ démarre, notamment avec la construction d’un plateau de chirurgie entre 1975 et 1984.
Entre 1992 et 1995 deux positions s’affrontent : doit-on garder le nouvel hôpital sur son site actuel, ou doit-on le déplacer ? La polémique trouve une issue en 1995, mais l’avant-projet sommaire est rejeté en 1997. La relance du dossier en 1998 maintient l’objectif d’un nouvel hôpital pour 2004…
La conception du nouveau centre hospitalier général (CHG) se divise en 3 tranches distinctes.
Le concours de la première tranche est remporté par l’entreprise parisienne AART International. Les travaux commencent en 2003 et s’achèvent en 2009. Les bâtiments pavillonnaires démolis, un nouveau bâtiment de 50 000 m2 voit le jour, agencé autour du plateau technique de chirurgie (PTC).
Après l’accueil de différents services dans cette première phase de travaux aboutie, une deuxième phase a été lancée dès 2009, avec la destruction de plusieurs pavillons vieillissants.
A partir de 2009 et jusqu’à 2013, soit la fin des travaux, est lancée la deuxième tranche de construction. Des sites pavillonnaires sont démolis pour aménager des parcs et parkings ouvert sur la ville, la liaison entre le bâtiment principal et l’ancien PTC, réhabilité en pôle mère-enfant, est établie.
Le concours est remporté par l’entreprise marseillaise MAP (Marseille Architectures Partenaires).
La troisième tranche, à la place de l’amphithéâtre, va être lancée prochainement.
Lumière et fonctionnalité ont été et sont les mots d’ordre du processus de construction de ce nouvel hôpital, récemment rebaptisé Saint-Jean.
(texte Franck Ben Geloun, stagiaire master 1 Université de Perpignan)
Les maquettes
Démolition de l'ancien hôpital
Construction des nouveaux bâtiments
Les nouveaux bâtiments
La dernière tranche de travaux
En vue aérienne, le nouvel hôpital général, par des éléments de maçonnerie circulaire, dénonce un plan général arrondi au sud et en pointe de flèche vers le nord. La rupture est faite par le plateau technique de chirurgie dans lequel s’imbriquent les deux bâtiments.
Cette architecture singulière, mêlant le bêton brut, l’acier des supports métalliques, le verre, la résine de bêton coloré en rouge ou simplement la brique, joue avec subtilité de l’ombre et de la lumière, à travers les façades audacieuses mais aussi les touches végétales ponctuelles et intenses des puits de lumières.
Conçu dans le but de fédérer tout un quartier, il a permis le renouvellement d’une structure médicale. Il suit les règles régissant l’architecture contemporaine hospitalière en rassemblant par secteur les disciplines proches. Ainsi il est adapté au fonctionnement d’aujourd’hui en mêlant soins et recherche biomédicales.
Il n’est cependant pas achevé. Une troisième tranche de travaux est en effet prévue entre 2016 et 2018, qui nécessiteront la destruction de l’actuel auditorium pour la construction d’une troisième aile. Le budget est d’environ 70 millions d’euros.
De l’idée à la réalisation, il aura fallu un demi-siècle.
(texte : Franck Ben Geloun, stagiaire master 1 Université de Perpignan)