Les femmes
La bourse du travail
Evolution de la place des femmes dans la société roussillonnaise
Le rôle des femmes dans la société roussillonnaise a pris une nouvelle dimension pendant la Grande Guerre, même si de nombreux émigrés espagnols sont venus travailler pour remplacer les hommes partis au front, situation qui a d’ailleurs souvent conduit à leur sédentarisation.
Cependant, la Grande Guerre ne marque pas une rupture, mais une accélération de l’évolution des mentalités déjà amorcée à partir du milieu du XIXe siècle. Les crèches se développent, le syndicalisme féminin se structure. Le regard masculin, comme en témoignent plusieurs articles, n’évolue pas forcément dans le même sens.
La Grande Guerre s’inscrit dans un mouvement féministe déjà naissant. La première réunion sur la question du vote des femmes, par exemple, avait été organisée à Perpignan en juillet 1914 par l’Union française pour le Suffrage des Femmes.
D’après Michelle Pernelle : « Femmes de Perpignan, femmes à Perpignan », Perpignan pendant la première Guerre mondiale, Nouvelles éditions Sutton, Tours, octobre 2018
Les femmes et l’aide aux soldats et aux réfugiés
Lorsque la guerre éclate, les Perpignanaises sont nombreuses à adhérer à l’Union des Femmes de France (Croix Rouge française) pour participer à l’aide aux soldats, aux blessés, aux réfugiés. Elles récupèrent, trient, lavent et raccommodent le linge qui est envoyé au front dans une ambulance. Ce travail bénévole s’effectue à l’hôpital auxiliaire situé à l’Ecole normale de garçons, place de l’Arsenal où les blessés sont soignés. L’UFF s’occupe aussi de la centralisation des dons d’argent. Elle multiplie les actions de bienveillance et organise la formation professionnelle des infirmières.
L’UFF organise de nombreuses actions de bienfaisance, beaucoup de tombolas, de quêtes dans les églises à la fin des messes au profit des blessés, etc. Les femmes participent aussi au service du ravitaillement. Beaucoup d’entre elles deviennent marraines d’un soldat. Et puis surtout elles prient.
D’après Michelle Pernelle : « Femmes de Perpignan, femmes à Perpignan », Perpignan pendant la première Guerre mondiale, Nouvelles éditions Sutton, Tours, octobre 2018
Les ouvrières et l’effort de guerre
Déjà avant la guerre, les femmes étaient nombreuses à travailler dans les usines de papier à cigarette, celle d’Eugène Bardou, le Nil, à la Gare et celle de son Justin Bardou, le papier JOB, rue Emile Zola dans le quartier Saint-Jacques.
Dès la mobilisation, elles entrent dans des usines transformées pour la fabrication d’artillerie et d’obus. Elles fournissent ainsi une main d’œuvre importante à l’usine Autran (Auto garage Siné, rue remparts Villeneuve, actuel central parking) dans les usines de Chefdebien (tuileries et briqueteries, où elles sont manœuvres), ainsi que dans différentes usines, comme les menuiseries industrielles Culié et Badie, puis René Badie, Quai de Barcelone, qui possédaient une scierie mécanique rue Valette, Guinot et Cie (l’usine de conserves alimentaires du boulevard du Conflent), mais aussi dans l’usine de Jean Font, route de Prades, ou celle de Jean Lupiac, négociant en chiffons en gros route d’Espagne, etc.
D’après Michelle Pernelle : « Femmes de Perpignan, femmes à Perpignan », Perpignan pendant la première Guerre mondiale, Nouvelles éditions Sutton, Tours, octobre 2018
Les prostituées
La prostitution, très règlementée, est surtout répandue dans le quartier Saint-Jacques où se trouvent de nombreuses maisons closes, ainsi que dans le quartier Saint-Jean et celui de la Gare, mais les femmes racolent aussi dans les jardins publics, notamment à La Pépinière. La plupart d’entre elles exercent cette activité en plus de leur métier (notamment couturières). Pendant la Grande Guerre, des prostituées ont joué un rôle certain d’aide aux déserteurs.
D’après Michelle Pernelle : « Femmes de Perpignan, femmes à Perpignan », Perpignan pendant la première Guerre mondiale, Nouvelles éditions Sutton, Tours, octobre 2018.