Vie culturelle et sportive

Cinéma de guerre, cinémas en guerre

Si, assez vite, la décision fut prise, à Perpignan, comme ailleurs, de fermer les salles de spectacles et donc les cinémas, en attendant la victoire, l’allongement imprévu du conflit amena à une réouverture des salles de spectacle presque partout en France à la fin de l’année 1914. Le 18 décembre, rouvraient à Paris, en grand arroi, les salles Max Linder, Gaumont-Palace, Colisée-Cinéma, Tivoli-Cinéma. A Perpignan, il fallut attendre le 6 mars 1915. Le cinéma Castillet et le Familia, deux salles très concurrentes, inaugurées en 1911, dominent le spectacle cinématographique à Perpignan. L’Eldorado, plutôt connu comme music-hall, diffuse quelques films Gaumont jusqu’en janvier 1916. Dans un premier temps, les responsables des cinémas firent le choix d’afficher leur patriotisme en reversant une partie de leurs recettes au bénéfice des Poilus. Des films patriotiques y sont projetés, mais aussi des films à épisodes, et des films comiques, surtout d’Outre-Atlantique. Les salles de cinéma accueillaient aussi des concerts et des séances de variétés.

D’après Michel Cadé : « Cinéma de guerre, cinémas en guerre », Perpignan pendant la première Guerre mondiale, Nouvelles éditions Sutton, Tours, octobre 2018

La prêtresse de Carthage

La prêtresse de Carthage, film de Louis Feuillade de 1910, est repassé à l’« Eldorado-Mondial-Cinéma » le 3 décembre 1915. C’est un bon exemple de films français anciens faisant une deuxième carrière pendant la Grande guerre pour pallier la relative faiblesse de la production nationale.

On ne connaît pas l’affichiste. Format de l’original : 151x111 cm Procédé d’impression : Lithographie. Collection Institut Jean Vigo, droits réservés.

 

La mort des sous-marins

La mort des sous-marins, film d’Henri Varens de 1918. Ce sérial français sortit à Perpignan au « Familia » le 19 octobre 1918, le deuxième épisode, Le coup raté, était à l’écran le 25 octobre. Affichiste : D. Dellepiane. Format de l’original : 87,5 x 126,5 cm. Procédé d’impression : Lithographie. Collection Institut Jean Vigo, droits réservés.

Judex

Judex, film de Louis Feuillade de 1916 mais sorti à Paris le 18 janvier 1917. Il fut à Perpignan à l’écran le 20 exceptionnellement dans les deux salles concurrentes le « Cinéma Castillet » et le « Familia ». Décliné en 12 épisodes chacun illustré par une affiche.

Le 16 mars, fut diffusé dans les deux salles perpignanaises le 9e épisode, Lorsque l’enfant parut et le 1er avril, le 11e, Ondine et...Sirène.

La première affiche est due à C. Orine, la seconde est de D. Stoyanovitch. Les formats différents un peu : 228,50 x 158 cm pour la première, 225 x 157,50 cm pour la seconde. Le procédé d’impression est pour les deux la lithographie. Collection Institut Jean Vigo, droits réservés.

Aimé Giral, le petit Prince de Perpignan

Aimé Giral, le petit Prince de Perpignan : 20 ans pour l’éternité

Lorsqu’Aimé Giral intègre l’équipe première de l’ASP, il a dix-sept ans à peine (il est né le 8 août 1895) et il est élève au Collège de Perpignan. Il évolue dans l’équipe du Collège et le dimanche, il mène l’équipe II de l’ASP dont il devient un capitaine charismatique. En 1912, il monte en équipe première. Le 3 mai 1914, en finale contre Tarbes, une transformation en coin d’Aimé Giral permet in extremis à l’ASP de brandir pour la première fois le bouclier confectionné par Charles Brennus. Il est qualifié pour disputer la finale prévue à Paris le 2 août … elle n’aura jamais lieu. Il est mobilisé en novembre, et combat en Champagne en juillet 1915. Une fois guéri, il rejoint sa section et est blessé mortellement au poumon par un obus dans une tranchée. Il meurt le 22 juillet 1915, dix-sept jours avant d’avoir 20 ans.

Le nouveau stade de la ville, inauguré le 13 octobre 1940, lui rend hommage.

D’après Hélène Legrais : « Aimé Giral, le petit Prince de Perpignan : 20 ans pour l’éternité », Perpignan pendant la première Guerre mondiale, Nouvelles éditions Sutton, Tours, octobre 2018

L’Eldorado, un music-hall réputé

L’Eldorado, qui s’appelait à l’origine « L’Eldorado Mondial Cinéma », place Bardou-Job, ouvre ses portes fin novembre 1915. Placé sous la direction de M. Delavar, cet établissement propose des films cinématographiques, des drames, des comédies et des opéras et opérettes, des pièces musicales et des spectacles plus spécifiques de music-hall. De nombreuses troupes se succèdent, proposant des programmes variés qui présentent des numéros exceptionnels, des duettistes, des comiques, des chanteuses, diseuses, des spectacles de danse, etc. Le directeur du théâtre monte lui-même une troupe locale, qui se mêle aux artistes accueillis. L’Eldorado donne quelques représentations au bénéfice des Poilus en 1916 et 1917.

D’après Michelle Pernelle : « Une vie musicale et théâtrale très intense », Perpignan pendant la première Guerre mondiale, Nouvelles éditions Sutton, Tours, octobre 2018

Le théâtre municipal

Une vie artistique très intense au théâtre municipal

Le théâtre municipal, édifié sur la place de la République en 1811, est un lieu de divertissement très important pour les Perpignanais de l’époque, même si, depuis le milieu du XIXe siècle, il est concurrencé par de nombreux cafés-concerts, cirques, théâtre des variétés, les cinémas, etc. Pendant la guerre, il retrouve une place de choix dans la vie artistique perpinanaise. L’activité du théâtre, un temps interrompue suite à la mobilisation, reprend en novembre 1915. Parmi les nombreuses tournées qui s’y produisent, la tournée Baret est celle qui vient le plus fréquemment à Perpignan. Opéras, opérettes, représentations lyriques et théâtrales identiques à ceux de la Capitale, sont ponctués de quelques spectacles patriotiques. Les recettes de certaines représentations sont reversées à des associations au profit des soldats.

D’après Michelle Pernelle : « Une vie musicale et théâtrale très intenses », Perpignan pendant la première Guerre mondiale, Nouvelles éditions Sutton, Tours, octobre 2018

L'Association Sportive Perpignanaise (A.S.P) et la guerre

L’A.S.P. et la guerre

En mai 1914, en finale contre Tarbes à Toulouse, l’Association Sportive Perpignanaise, grâce à une transformation en coin d’Aimé Giral, brandit pour la première fois le bouclier de Brennus. Quelques mois plus tard, en août, des essaims de perpignanais accompagnent à la gare la plupart des joueurs « champions de France » en direction du front dans l’émotion et les larmes. En 1914 l’ASP avait quatre équipes de rugby, plus un nombre conséquent de bénévoles et de cadres, soit près de 70 à 80 personnes qui à des titres divers s’occupaient du club. A l ‘exception des exemptés pour des raisons d’âge ou de santé, les membres de l’ASP partirent tous, et pour la seule ASP 40 d’entre eux au moins disparurent dans le désastre de la guerre. Parmi eux, Aimé Giral, le « petit prince » de Perpignan, mort dans sa vingtième année, mais aussi Jean Laffon, pour ne citer que les plus « célèbres ». Le rugby catalan après avoir compté ses morts se sera profondément modifié. En 1919 on comptait déjà de nombreux clubs dans la ville. La guerre avait tué beaucoup de monde et de très grands joueurs mais elle n’a pas tué le jeu ni l’envie de jouer. L’USAP, digne « descendant » de l’ASP, en témoigne encore aujourd’hui.

D’après Jean-Louis Roure : « L’A.S.P. et la guerre », Perpignan pendant la première Guerre mondiale, Nouvelles Editions Sutton, Tours, octobre 2018.

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