Une des plus puissantes seigneuries du Roussillon
Le comte de Roussillon dote l’hôpital de certains fonds et revenus et déclare que : «quiconque s’aviserait de contrefaire ou de détruire la donation des lieux et terres qu’il fait pour l’accomplissement de cette œuvre, uniquement consacrée aux pauvres, encourrait la colère de Dieu et serait excommunié ».
De nombreux bénéfices furent aussi fondés en sa faveur par bulles des papes Innocent IV, Benoît XIII, Alexandre VI, Léon X, Paul III, Sixte V, Clément X, Innocent XI et Innocent XII. Des indulgences et des privilèges par les abbés des principaux monastères du Roussillon, les gouverneurs de la province et les évêques d’Elne, qui l’avaient mis sous leur protection spéciale.
Gérard II, dernier comte de Roussillon, les rois d’Aragon, de Majorque, d’Espagne et de France imitèrent leurs prédécesseurs.
L’hôpital reçut aussi de très nombreux legs de personnes pieuses et charitables.
A partir de la fin du XVIIe siècle (1696), il reçut aussi les revenus des léproseries et hôpitaux de Saint-Lazare de tout le Roussillon.
Ainsi, il devint une des principales institutions de la ville et une des plus puissantes seigneuries ecclésiastiques du Roussillon.
Lorsque la Révolution française éclate, l’hôpital se révèle être une importance force économique locale par son patrimoine foncier. A partir de 1790, ses biens sont nationalisés. Il perd la redevance de ses censives (manses et terres mais aussi revenus des greniers à blés et céréales, du moulin à huile de Baho, etc). Il cesse de recevoir la dîme sur une pièce de terre du Boulou le 1er janvier 1792 ainsi notamment que ses droits de lods et vente (droits de mutation) principalement sur des vignes. Mais c’est surtout la perte des revenus des terres affermées qui est considérable.
Par décret du 19 mars 1793 la Convention proclame que tous les biens charitables seront vendus au profit de l’Etat, et la loi du 23 messidor an II (11 juillet 1794) décide la vente de ces biens. Les biens de l’hôpital Saint-Jean ne sont pas aliénés en totalité, des baux sont conservés. Par contre, il perd une partie conséquente de ses ressources, les fermes saisies et vendues par l’Etat constituant les terres les plus vastes et les mieux loties (entre 3 et 35ha). La perte totale s’élève à 20% des revenus en un an. La nationalisation, provisoirement suspendue par le décret du 23 messidor an II, ne sera jamais remise en vigueur. L’évolution de la législation lui permettra même de jouir à nouveau des biens concédés par décret du 9 fructidor an III, et il en retrouvera la possession sous Napoléon, en 1807.
L’évolution de ce patrimoine aux XIXe et XXe siècles serait intéressante à étudier.