Perpignan au XXe siècle : architectures et modernités

Comme toute autre ville française de province Perpignan est confrontée aux enjeux de la modernité architecturale dès le début du XXe siècle. Pour autant, sans constituer un cas unique, l'évolution urbaine et architecturale perpignanaise tout au long de ce siècle revêt un caractère remarquable.

Perpignan était au début du siècle une place forte encerclée dans ses remparts, elle est devenue dans la deuxième moitié du siècle une agglomération urbaine ouverte sur son territoire. La mutation s'est opérée, du moins jusqu'à une période relativement récente, suivant une dynamique d'équilibre et de cohérence dans la construction des agrandissements et de la périphérie.

Cité de province, Perpignan était dépourvue d'un vrai milieu professionnel d'architectes. La deuxième moitié du XIXe siècle, mais surtout le XXe siècle verront l'émergence, la consolidation et l'épanouissement d'un collectif d'architectes tout aussi méconnus du grand public que talentueux. Architectes de terrain, mais aussi architectes de la réflexion, ils nous ont laissé leurs témoignages dans la manière de comprendre la ville et l'architecture. À côté de ces architectes, tout un tissu de promoteurs, d'artisans, d'industriels, de fournisseurs, très dynamiques qui ont assuré non seulement la qualité de la conception architecturale mais aussi la faisabilité des chantiers et la qualité des intérieurs, des détails, autant dire du cadre de vie de la société perpignanaise.

La modernisation d'ordre urbain et socioprofessionnelle est accompagnée d'une modernisation technique des systèmes et des matériaux de construction. Derrière une apparence modérée, pas nécessairement avant-gardiste, l'architecture de Perpignan n'est pas en retard, loin de là, dans l'introduction des structures en béton armé. Une modernisation des programmes architecturaux intervient aussi dans des domaines comme l'habitat, les équipements, les architectures publiques.

Le bilan de ce patrimoine pourrait nous paraître aujourd'hui sommaire à certains égards si l'on ne tient compte que des architectures existantes. Cette exposition cherche à montrer aussi en parallèle à la réalité actuelle de l'architecture de la ville l'intérêt des architectures disparues et l'ambition de celles qui restées au stade de projet ne furent jamais réalisées.

Modernités au pluriel ? En effet l'architecture du XXe siècle ne saurait pas se réduire au simple Modernisme avant-gardiste. A côté de celui-ci, à Perpignan comme ailleurs, des voies divergentes de l'architecture de la Modernité coexistent : la survie de l'académisme, la réception de courants du goût cosmopolites ou l'inspiration du génie du lieu sont au rendez-vous.

À l'ombre des monuments civils, militaires et religieux du Moyen Âge ou de la période moderne, l'architecture contemporaine perpignanaise a été oubliée et négligée. Le regard averti de quelques observateurs, de quelques chercheurs pionniers a déclenché un processus de découverte et de mise en valeur patrimoniale. Le label « Patrimoine du XXe siècle » que la DRAC a accordé à quelques architectures mais surtout à des quartiers entiers de la ville - phénomène rare - constitue une haute reconnaissance institutionnelle de ces architectures. Ce label implique aussi une motivation et une obligation en termes d'étude, de valorisation et de protection de ces patrimoines.

Commissaire d’exposition : Esteban Castaňer-Muňoz, professeur des universités en Histoire de l'art contemporain à l’Université de Perpignan Via Domitia
Photographies : Philippe Latger, Perpignan Art déco, et Ville de Perpignan
Documents des Archives de la Ville de Perpignan (AVP)
Cartes postales anciennes issues de la collection du Club cartophile catalan
Coordination : Carine Durand, animateur de l'architecture et du patrimoine de la Ville d’art et d’histoire de Perpignan

Cette exposition s’est tenue à la Casa Xanxo du 3 juin au 2 novembre 2015, avec une scénographie de Guillaume Lagnel.

 

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